Avec les commerçants et les enfants (Kamel)

Publié le par Marie Sengel/Transverscité

Cette place est devenue une place pas comme les autres : depuis 4-5 ans, il n’y a plus de place pour les enfants ; il n’y a plus de loisirs ; il y a trop de voitures ; il y a trop de poubelles et c’est devenu très, très sale. Le soir, avant, on entendait les enfants jouer, crier, s’amuser, alors qu’aujourd’hui les voitures rentrent vite et sortent vite, sans respecter les piétons. Il n’y a plus rien, plus rien à faire. Et il n’y a plus d’enfants.

 

Des flics viennent parfois mettre des PV pour l’Etat, pour rentrer de l’argent, à cause des voitures. Mais aux alentours ils ne regardent plus si c’est propre, si d’autres trucs ne vont pas. Quand on sait que cette placette doit être fermée, que c’est interdit de se garer et qu’il y a une quinzaine de voitures qui sont dedans, jusqu’au soir, je ne comprends pas. Ça crée une atmosphère tendue et parfois des bagarres entre les gens qui viennent se garer… C’est utilisé comme un parking mais ce n’est pas un parking. C’est une placette pour les gens. Pour venir manger, s’installer avec la famille, avec les copines, pour passer tranquillement le temps, pour que les enfants puissent faire du vélo, ou s’amuser ou courir librement sans avoir peur d’avoir une voiture derrière eux.

 

Pour nous, la placette est très importante et beaucoup de gens y tiennent. Ici on se sent bien, comme à la maison. C’est là qu’on se retrouve, qu’on s’amuse, c’est là que nos parents passent, c’est là qu’il y a le marché… On est habitué. Moi j’ai pratiquement grandi ici et j’ai vu grandir plein de petits qui ne sont plus là parce qu’aujourd’hui ça ne va plus. Il n’y a plus le plaisir qu’il y avait avant. Il n’y a plus de sécurité. On pense que l’Etat fait exprès de laisser ces choses arriver, justement parce qu’on est entre nous. Peut-être qu’ils se disent « ils veulent vivre comme ça ». Ils ne veulent pas venir mettre leur nez ici et voir ce qui se passe mais ils attendent que ça se passe. Ils n’ont pas envie que ça change, à mon avis. Ça ne les intéresse pas. On ne les intéresse pas.

 

Cette placette est en train de finir. C’est la fin de nos rêves d’avant. Plus ça va et plus ça part. Mais on aimerait que ça reste parce que ça fait partie de nous. Il faudrait essayer de réfléchir : comment remettre de l’ordre ? Comment faire la propreté ? Il faudrait fermer avec des barrières ; faire une vraie placette, pour et avec les commerçants et les enfants ; faire un règlement avec un gardien ou quelqu’un qui soit là pour faire respecter cette loi, pour faire peur et interdire aux gens de se garer, et que ça dure un temps.

Publié dans Les gens y voient...

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