Lundi 29 juin, 10h
(Mamma, Yves, Marie…)
Devant le magasin de fruits exotiques primeurs, le vendeur s’apprête à déballer les bananes d’Afrique pour ravitailler ses cagettes devant l’établissement…
Une dame vient d’arriver dans le rayon salade. Elle choisit. Le vendeur lui indique une autre qualité dans un cagot à côté.
Plus loin dans le magasin, un vendeur déballe les boîtes de conserve de fruits
Un troisième vendeur interroge le livreur sur le parcours qu’il va effectuer en scooter pour livrer un client.
De l’autre côté de la place, en face de l’abattoir de volailles, un employé décharge une camionnette. Vingt-et-une cagettes d’herbes aromatiques sont déjà posées sur une palette.
Au restaurant, des gens sont assis sur des chaises à l’intérieur
D’autres sont à l’extérieur.
Il y en a qui discutent, d’autres qui se reposent, lisent le journal, fument…
J’imagine : il y a un monsieur qui est fatigué, triste, il attend sa femme
Le restaurateur a beaucoup de travail, il est pressé, il est rapide.
Un veut l’eau
L’autre demande un café
L’autre attend pour payer et partir
Derrière le restaurant, un employé traverse la place avec un diable et quatre cagettes de coriandre.
Dans l’autre sens, vers le magasin, un diable de quatre cagettes de plantain suivi d’un autre diable vide (celui de la coriandre)
Deux policiers traversent la place : entrée-sortie.
Le bruit est agréable : mélange de voix proches et brouhaha plus lointain
Voitures qui démarrent doucement, ronronnement
Une radio de l’intérieur d’un commerce
D’autres bruits raisonnent : raclement d’une palette, son crevé de cartons pleins jetés les uns sur les autres depuis une camionnette, cartons vides balancés dans la poubelle etc…
Il y a maintenant 45 cagettes d’herbe aromatique déchargées. Elles sont là, presque oubliées, alors qu’il ne se passe plus rien autour d’elles.
Ça fait un vert nouveau sous l’ombre des arbres.
Le facteur arrive au snack : « Voilà mon ami » dit-il en tendant le courrier et constate : « Il n’y a pas de cadeau… ».
Le restaurateur s’installe, épluche son courrier, une cigarette dans la bouche et le portable à l’oreille.
Il est déjà reparti
Deux diables passent : six cagettes et encore quatre. Poireaux, herbes.
Dans tout ce vert, un tee-shirt violet relevé, vite disparu.
Une habitante est en arrêt au milieu de la place. Elle lit une lettre administrative avec des grimaces involontaires de la bouche. Son fils l’attend, adossé à un arbre.
Une maman, une poussette, trois enfants. Elle entre au Royaume des saveurs.
Une autre maman traverse la place sans rien regarder de ce qui l’entoure, le visage penché sur son enfant qu’elle tient par la main et avec lequel elle bavarde.
A l’étal, le vendeur fait une ou deux petites blagues aux enfants de la poussette pour les faire patienter
Un bruit fort : c’est un scooter qui prend la place pour un raccourci.
Un autre, en sens inverse, même bruit, même vitesse.
Le livreur est revenu, a rechargé, démarre avec deux cagettes de salade.
Un diable vide. Un autre, juste après.
Ils repassent : sept cagettes de salade et tomates.
Une odeur de menthe.
Le livreur au scooter vient de faire tomber ses salades.
« Tu ne sais pas attacher », dit le patron qui calmement lui montre comment faire.
Un diable vide
Un monsieur, tee-shirt bleu roi, avec un sac « TAMKY, Vingt ans », blanc et rouge.
Quatre cagettes de salades sur un diable
Une odeur d’essence ; le scooter du livreur démarre.
Au snack, à table, trois jeunes, deux casquettes, une paire de lunettes de soleil, trois verres d’eau ; deux font dodo, profondément.
Trois cartons de salades, deux de choux chinois.
Trois policiers a vélo et deux à pieds : le camion poubelle peut se frayer un passage
Le contrôle d’une voiture qui vient de stationner.
Les policiers sont sept maintenant. Ils rigolent avec une habitante et un commerçant
Un policier essaye sa sonnette : Kling, kling…
Un diable, cinq cartons de bananes
Le bruit du camion poubelle
Cinq cartons de poivrons, trois de salades
Un policier guide le camion poubelle pour qu’il puisse sortir
Il reste toujours des fruits et légumes – bouts de salade, tomates éventrées – tombés à terre.
Il y a, sur une palette, une montagne d’ail retenu par un film transparent.
On pense que si c’était pour une famille, elle en aurait de quoi en manger pour cent ans.
Il est 11h45
Nous partons avant de savoir ce qu’on fait de la montagne d’ail.
Il faut se faire une raison : on laissera toujours une observation inachevée, en cours, en vie, sur la place.