Je ne peux plus imaginer le centre ville de Marseille pour les enfants

Publié le par Marie Sengel/ Transverscité

Mohamed, habitant du 3° arrondissement

 

 

Je suis né à marseille. Je suis né dans les quartiers Nord mais je ne connais le centre-ville seulement depuis l’âge de 17-18 ans, puisque mes parents n’avaient pas de gros moyens et les transports n’étaient pas aussi développés que maintenant... Alors on avait très peu de chance d’atterrir en plein centre-ville. Ce n’est pas comme maintenant. Donc moi j’ai connu le centre-ville de Marseille à cette époque là, je devais bien avoir 20 ans. Il faut dire que dans les quartiers Nord, on avait tout. Ça avait été fait pour ça, pour que cette population reste bien à l’extérieur de la ville. Il y avait les supermarchés, une grande pharmacie, on ne manquait de rien. On avait même un petit cinéma de quartier. Alors je n’étais jamais venu au centre, que j’imaginais très beau. Surtout la Canebière. J’entendais beaucoup parler de la Canebière, mais la première fois que je l’ai vu, je n’ai pas sauté de joie. J’ai même été très déçu, surtout à cause de l‘image que véhiculaient les voisins des quartiers Nord qui y étaient allées. Quand ils revenaient : « on a été à la Canebière ! ». Et ils façonnaient l’imagination... J’ai bientôt 40 ans et rien n’a pas changé depuis. Pas grand-chose. Le tramway… Le centre-ville n’a pas changé. Mais il y a des endroits où je n’allais pas : Noailles, la place Halles Delacroix, tout ça c’était le marché et si on n’y va pas pour ça, on n’a pas de raison d’y être. Ou alors juste pour passer voir le marché, mais moi ça ne m’intéressait pas, toujours pas, ça fait que j’y passe très rarement, seulement quand je suis obligé.

 

Je supporte de moins en moins le bruit, les voitures, les travaux… Marseille, c’est invivable. On est arrivé à saturation. Maintenant qu’on a davantage le choix, on veut partir du centre-ville, de la ville même. On pense à une maison à Rognac, Salon de Provence. Surtout pour les enfants. Parce que là, continuellement, on est dans le stress. Je travaille, ma femme travaille, le matin il faut se réveiller, il faut se préparer, le soir, il faut rentrer vite à la maison. On ne peut rien faire d’autre que de se blottir chez soi. Il faut vraiment des temps spéciaux pour emmener les enfants aux parcs, à la plage parce qu’on ne les laisse jamais traîner dehors. Le fait d’avoir une maison avec jardin, ça permet de les laisser faire ce qu’ils veulent et qu’ils ne se retrouvent pas quotidiennement, tous les jours, dans leur chambre. Ça nous permet de ne pas, à chaque fois, les amener quelque part pour qu’ils puissent s’amuser. Ils n’ont pas de place, pas d’endroit à Marseille. Alors on se rabat sur la télévision…

 

Je ne peux plus imaginer le centre ville de Marseille pour les enfants. Pour moi, des parcs à jeux n’ont plus leur place dans le centre-ville. Alors, pour les adultes, je peux imaginer les devantures de magasins nouveaux… La pharmacie reste ; à côté, un café, une bijouterie, des magasins de vêtements, mais surtout avec de jolies devantures. Les volets, il faut refaire tout ça. Ce serait une place piétonne, avec un monument au milieu, Gaston Deferre, ce grand monsieur… Si on descend de Rognac ou de Salon, nous - moi et ma femme - on peut s’y installer avec des amis, on peut se poser tranquillement, boire un coup, parler dans le calme… Non, ce n’est pas une place que j’aménage pour les enfants…

Publié dans Les gens en rêvent...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article