Concour de fenêtres fleuries...
Frédéric, habitant de la Plaine, père de famille.
À Noailles je vais au marché faire mes courses, comme tout le monde. Je vais chez les poissonniers, je vais voir les petits vendeurs à la sauvette quand j’ai besoin d’un chargeur pour mon téléphone puisque c’est dix fois moins cher qu’ailleurs… J’y vais quand il y a la fête à Noailles. On en profite, il y a de la musique, on va danser. Mais le quartier en lui-même je ne le connais pas énormément. J’y vais pour des choses précises : quand il y a une expo, quand il y a un petit concert, quand il y a quelque chose qui se passe ou quand je veux aller sur le marché. Mais y traîner, non. J’y vais souvent assez rapidement. Alors je n’y ai jamais fait attention mais je crois, si je ne me trompe pas, que le bâti est assez délaissé…
Moi j’habite la Plaine, mais quand je vais là-bas, à Noailles, je dis « je descends en ville ». Là où j’habite je me sens un peu protégé, comme dans un petit village. C’est mon périmètre. Alors que « le centre ville » c’est un peu tout ce qui est commerces, activités, beaucoup de monde. Et je ne cherche pas trop ça. Je fuis. Je passe par les petites rues, derrière les quartiers tranquilles et pour aller à des points bien précis, repartir et à nouveau m’engouffrer dans ces petites ruelles.
Par exemple la Place Halles Delacroix, quand j’y pense, je vois des voitures et c’est surtout pour ça que je ne m’y arrête pas. C’est un lieu où il y a plus de voitures garées qu’autre chose, donc c’est triste. Ce qu’il faut faire, c’est rendre la place aux piétons et aux gens. Mais surtout, virer toutes les voitures ! Si je pouvais décider, j’aimerais bien redonner cet espace aux enfants et aux gens du quartier. J’aimerais leur faire un petit parc où ils peuvent vraiment s’amuser et profiter au maximum de cette place qui est vraiment spacieuse. Bien aménagée, je pense qu’elle pourrait être très belle. J’aimerais qu’elle soit entourée de verdure, avec plein de petits oiseaux qui se promènent, ça fait tout vert et avec cette vieille architecture ce serait super joli. Il y aurait un toboggan et un tourniquet, un petit terrain de basket et de volley pour que les enfants puissent s’amuser et jouer. Et puis il faudrait une fontaine. À Toulouse, toutes les petites places ont des fontaines, des arbres, des bancs. Des bancs. Il n’y a pas de bancs à Marseille. Comment ça se fait ? Il manque plein de choses. Mais il suffirait d’un petit rien. Je pense que c’est une volonté politique, simplement. C’est comme le Cours Julien : l’idée est bonne, les fontaines, tout ça, c’est mignon, mais c’est dans un état de crasse et de non-entretien qui est vraiment dommage. Les squares pour les enfants, si on regarde de près, c’est une vraie porcherie. Donc la propreté. Alors on peut aussi imaginer de l’herbe artificielle et comme ça les gens pourraient faire des pique niques, avec les familles, autour du bac à sable et du terrain de jeux, avec des concours de balcons et de fenêtres fleuries. Pourquoi pas ? Rien n’est impossible. Avec ma compagne, on avait eu une idée : c’est de mettre à disposition du public des tricycles pour enfants. Notre fils a un tricycle et dès qu’on arrive dans un square et qu’il en descend c’est la ruée vers l’or : ils se jettent tous dessus. Si on pouvait mettre des tricycles à disposition des enfants ce serait super. Il faudrait que les commerçants s’occupent et rangent les tricycles dans leur local…
En réfléchissant un peu, en passant plus de temps, on peut en trouver des idées…
Mais il ne faut surtout pas enlever les commerçants. Dans d’autres quartiers de Marseille, dans d’autres rues, on voit des anciens commerces qui ont été transformés en appartements et ça enlève la vie de quartier. Or le commerce, c’est ce qui reste pour un peu relier les gens entre eux. Chez le petit commerçant, on va continuer à parler, il va nous montrer ses jolies tomates, ses bananes, dire si elles sont mures ou pas mures, et c’est vraiment important ça. C’est la vie de quartier. C’est le plus important.